La catastrophe est un arbre qui pousse, Théâtre du Peuple, Hangar de Wesserling, 2009

Restitution publique d’ateliers.

80 comédiens amateurs. Textes de Svetlana Alexievitch et Pierre Terzian. Mise en scène : Pierre Terzian. Lumières : Hervé Chantepie. Son : Christophe Coupeaux. Photos : François Fauvel. Production Parc naturel régional des ballons des Vosges / Théâtre du Peuple.

– Une femme : Mais qu’est-ce qu’on est censé faire ?
– Le chef de protocole : Disons que c’est une conférence sur Tchernobyl. Une cérémonie commémorative, ouverte au public. Des gens sérieux, avec des choses à dire. Une foule intouchable, en phase de décomposition, qui vient rejouer son malheur. Le rechanter. Rejouer la terreur dans un lieu clos. Repaniquer, repleurer ensemble, rabandonner des maisons, rasphyxier des travailleurs, redire adieu aux femmes, redire « Je pleure, chaque nuit, je me tourne contre le mur et je pleure ». Recrier : « On nous a menti. Il n’y a pas eu de Tchernobyl ! Il n’y a pas eu de Tchernobyl ! ». Après quoi les gens s’embrassent à nouveau et vont se rasseoir sur leurs chaises et rentonnent bouche fermée le chant de la radiation. Disons que c’est un grand bal désespéré à la gloire de la science qui pourrait se jouer en boucle. Éperdument. Le cri lointain et permanent d’un nourrisson qui aurait le corps d’un homme de soixante ans.